Né le 10 novembre 1876 à Marseille, Pierre de Retz de Servies est issu d’une famille de vieille noblesse du pays de Gévaudan.
Après des études chez les Dominicains, il entre à l’Ecole Polytechnique, puis en 1900 à l’Ecole des Mines de Paris.
Il commence sa carrière dans les mines de Béthune, comme ingénieur du fond, de 1903 à 1914. A la déclaration de guerre, il n’est pas mobilisable car il a 38 ans et 2 enfants. Mais en 1915 son frère
cadet est tué sur le front. Il s’engage alors comme capitaine d’artillerie. A la fin de la guerre, encore mobilisé, il s’occupe brièvement des Mines de la Sarre.
Démobilisé en 1919, le gouvernement lui propose la direction générale technique des Mines de Potasse mises sous séquestre. Il vient de signer un bail de 17 ans aux MDPA qu’il va marquer de sa
personnalité hors du commun.
Choisi pour ses compétences techniques mais aussi pour son attachement viscéral à la République, un paradoxe pour ce grand aristocrate ; il va devenir comme le dit Yves Frey, l’ « instituteur du
Bassin Potassique », au sens des instituteurs, hussards de la République.
IIl va en effet se voir investi d’une mission quasi-missionnaire, prêcher la République à une population qui ne la connaissait presque pas, puisqu’on sortait de près de 50 ans de régime allemand, et
faire des Mines de Potasse une grande entreprise industrielle d’Etat, cas unique à cette époque. Après l’arrivée massive des immigrés polonais dans le bassin, il n’aura de cesse également de les
intégrer à la République.
Lorsque les Mines deviennent Domaniales en 1921, il en sera le premier Directeur Général.
Il va mettre en œuvre un programme de remise en ordre des Mines qui en avaient bien besoin au départ des Allemands : des méthodes d’exploitation dangereuses, inefficaces, conduisant en outre à des
pertes de gisement importantes. Le plan portant sur une période de 10 ans, prévoyait le doublement de la capacité d’extraction, le triplement de la capacité de traitement des fabriques ainsi que la
construction des cités minières et des œuvres sociales.
Tout cela s’est évidemment réalisé conformément aux plans.
Pierre de Retz en est le penseur, le maître d’œuvre, suivant les réalisations dans le moindre détail.
Un des chefs d’oeuvre de ces réalisations est bien entendu l’église Sainte-Barbe construite à Wittenheim (photo ci-contre), voulue par Pierre de Retz, conçue par Georges Debut, architecte en chef des
MDPA.
Georges Debut qui sera son baron Haussmann, si l’on veut bien considérer que quelque part, Pierre de Retz aura été le Napoléon III du Bassin Potassique.
En 1936, à l’avènement du Front Populaire, la CGT demande le départ de Pierre De Retz, qu’elle attaque très durement. Il est le patron tout puissant qu’il faut abattre, et tous les moyens sont bons.
Paul Ramadier, qui assure la tutelle des Mines, en tant que sous-secrétaire d’Etat aux Mines, Electricité et Combustibles, cède aux pressions de la CGT.
Pierre De Retz quittera les MDPA et poursuivra pendant quelques années, des
activités de conseil pour différentes sociétés, tout en continuant à suivre attentivement les affaires des Mines de Potasse d’Alsace.
Il est décédé à Paris le 19 juin 1962.